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Avenir de l’agriculture Le plaidoyer de Périco Légasse pour l’origine France et la qualité

© A. Delest / GFA

Devant le Modef des Landes, Périco Légasse appelle à l’achat responsable des consommateurs et au soutien d’une agriculture familiale et respectueuse de l’environnement.

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Le samedi 20 août 2016, l’auteur de « A table citoyens ! » était au bord du lac de Soustons (Landes), à la fête annuelle du Modef des Landes. Périco Légasse est venu en terrain conquis faire la promotion de l’agriculture familiale, et aussi un peu celle de son livre. « Nous consommons trop et trop de mauvaises choses, harangue-t-il. Nous ne pouvons plus continuer à agir selon les injonctions de la publicité et de la grande distribution. » Le journaliste appelle le consommateur à la responsabilité, lui demande de s’impliquer dans ses achats pour préserver le nombre d’agriculteurs, l’environnement et notre santé.

La proximité, « un acte patriotique »

Privilégier la vente directe et les artisans de proximité est pour lui un « acte patriotique. Il faut se poser la question de savoir d’où vient le produit, qui l’a fait et s’il est bon pour la planète. « Aujourd’hui, nous avons la culture de l’alimentation industrielle, on mange des marques. C’est la fin de la civilisation, c’est la barbarie », estime Périco Légasse. Et de citer des sociologues en prison qui s’intéressent aux habitudes alimentaires des détenus : « C’est plus près de l’industrie, ce qui induit un comportement agressif, en rupture sociale. »

Pour lui, sur les 72 milliards d’actes alimentaires par an en France, si seulement 20 % étaient raisonnés, cela changerait tout. « Il faut soutenir les agriculteurs sinon ils mourront », insiste-t-il. Mais comment y parvenir ? « Je me bats avec Stéphane Le Foll et Ségolène Royal pour réapprendre le goût à l’école, lance-t-il, appelant tout un chacun à retrouver le goût de la table, de la convivialité, des bons produits. La table est un lieu d’échange, de transmission. » Et de fustiger cette classe politique qui préserve sa ligne. « On voit la politique que cela donne ! Ils n’ont qu’à changer de pays ! »

Une agriculture à « l’échelle humaine »

Un autre argument fait mouche : la responsabilité du syndicat majoritaire. « La FNSEA devrait être un contre-pouvoir, alors qu’elle est complice du pouvoir, si elle n’est pas elle-même le pouvoir, lance Périco Légasse. Elle est dans une logique industrielle, de parts de marchés. » Il n’hésite pas à la comparer au système soviétique et d’affirmer : « Si elle est majoritaire, c’est qu’elle détient tous les leviers (NDLR : coopératives, banques…), menace, fait du chantage. Il faut revenir à une agriculture familiale, pas une agriculture du trust et du business. L’agriculture, c’est une histoire de famille, d’hommes et de femmes. Il est fondamental qu’elle reste à l’échelle humaine. »

Face à un système qui peine à se rénover, des consommateurs résistants au changement, des aides agricoles plus équitables mais inefficaces en période de crise, Périco Légasse avance des solutions simples – simplistes ? – : « La plus courageuse mais aussi la plus douloureuse est de taxer les produits non européens et de privilégier la production locale. On veut une Union européenne qui nous protège, nous enrichisse. Il faut aussi agir sur la fiscalité. Taxer ceux qui polluent et leur supprimer les aides. Ne pas taxer les autres et leur réserver les aides. Si Stéphane Le Foll et Ségolène Royal le veulent, c’est possible tout de suite. » Ce qu’il ne dit pas c’est combien d’agriculteurs, ces décisions sans transition, tueraient.

Arielle Delest

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